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CANNESERIES SAISON 7 : L'âge de raison
Du 5 au 10 avril, le festival CANNESERIES a fait vibrer, pour la 7e fois déjà, son tapis rose sur les fameuses marches du Palais des Festivals au rythme des séries.
Créé grâce à la volonté et aux efforts du maire de Cannes, David Lisnard, qui décrit cet événement - toujours jeune, mais éclectique - comme « le plus beau festival des séries en France », CANNESERIES brille par son originalité et sa qualité, prometteur d'un avenir qui n'a rien à envier à son grand frère Séries Mania, ne reste que pour son choix du lieu que représente la mythique Croisette.
Dès la soirée d'ouverture, l'auteur et comédien Bertrand Usclat, qui officia en tant que maître de cérémonie, nous a mis dans l'ambiance festive et la bonne humeur grâce à son talent, renforcée par la sitcom made in Jamel : « Terminal », une Création Originale Canal+ très décalée de et avec Jamel Debbouze. Les rires étaient garantis toute au long de la soirée.
Parmi les 27 séries découvertes par le public en avant-première (sélectionnées parmi 300 séries éligibles et représentant 19 pays), 3 compétitions et leurs jurys internationaux, des Prix d'honneur remis à des personnalités iconiques : un programme d'événements cadre comprenant des séances de dédicaces, un atelier doublage et des rencontres avec des créateurs et stars de séries, ainsi que le CANNESERIES Writers Club ont été proposés lors de cette édition.
Des prix d'honneur ont été décernés par Canal+, principal partenaire du festival depuis ses débuts, à Kyle McLachlan pour son œuvre, sans conteste culte sur les petits écrans comme les grands depuis plusieurs décennies grâce notamment à David Lynch, ce dernier ayant transmis un message vidéo lors de la remise du prix ; mais aussi le « Rising Star Award - Madame Figaro » à la jeune actrice Ella Purnell, ainsi que le Prix de l'engagement Konbini qui a récompensé la comédienne, chanteuse et activiste Michaela Jaé Rodriguez.
Au centre de toutes les attentions, le Grand auditorium Louis Lumière a accueilli les projections de la compétition officielle des séries longues, ainsi que des séries hors compétition.
Cette année, le jury de la compétition principale a doublement récompensé « The Zweiflers » (série créée et dirigée par David Hadda) par le Prix de la meilleure série et le Prix de la meilleure musique, série qui se trouve également avoir été notre coup de cœur incontestable cette année. Cette création allemande (ZDF Studios) a aussi remporté le Prix des lycéens de la meilleure série longue. Elle raconte les épreuves de vérité émouvantes d'une famille juive en Allemagne d'aujourd'hui alors que des conflits longtemps refoulés refont surface. Entre rires et larmes, on ne lâche pas un instant les enchevêtrements des protagonistes dont le passé et le futur s'entrechoquent, pour la plus grande joie du spectateur.
D'autres récompenses ont été attribuées. À toute l'équipe des comédiens de la série serbe « Operation Sabre » (Beta Film) revient le Prix spécial d'interprétation pour sa performance extraordinaire dans ce récit hyperréaliste et captivant sur l'assassinat du Premier ministre serbe en 2003 à Belgrade. À « Dumbsday », venue de Norvège, revient le Prix du meilleur scénario qui raconte l'histoire drôle, absurde et déjantée de six survivants d'une pandémie mortelle qui se battent pour l'humanité. Le Prix de la meilleure interprétation est revenu quant à lui à Aina Clotet, co-créatrice et rôle principal très doué dans « This is not Sweden » (RTVE), série comédie douce-amère venue de Catalogne, qui nous emmène à la recherche de ce que serait finalement « un bon parent », raconté par un équilibre parfait entre humour cringe et émotions.
En plus d'une compétition de séries courtes éclectique dont le prix principal a été décerné à « Rather Burn », réalisation créative et audacieuse d'une grande fraîcheur, le Prix du meilleur documentaire, décerné pour sa deuxième année avec succès, a récompensé « DJ Mehdi : Made in France », créée par le très talentueux Thibaut de Longeville, qui témoigne d'une époque marquée par un génie musical, allant du milieu du rap à la scène électro.
Outre le palmarès, la sélection hors compétition a marqué les temps forts de cette édition de CANNESERIES, en particulier « Fiasco » (Netflix), une série parodique co-créée par Pierre Niney (dans le rôle d'un jeune metteur en scène confronté à des problèmes rocambolesques) qui nous amène dans les coulisses du tournage - raté, vous le devinez bien ! - d'un premier long métrage. Cette série a fait « full house » dans la fameuse salle Lumière et ce succès n'est pas étonnant !
La série « Becoming Karl Lagerfeld » (Disney+) avec Daniel Brühl dans le rôle principal nous a enchanté, autant par le talent du comédien allemand très reconnu, que par le décor stylé très « fashion » d'époque et par la fluidité du récit.
Enfin, la soirée de clôture fût couronnée par la majestueuse série franco-américaine « Franklin » (Apple TV+) qui a amené Michael Douglas sur le tapis rose, dans le rôle principal et en tant que co-producteur, d'un récit liant la France et les États-Unis tenant à cœur à cette légende vivante du cinéma américain qui souligna l'importance contemporaine de l'histoire racontée.
Festival entièrement gratuit et libre d'accès à toutes et à tous (réservations des e-billets sur le site cannesseries.com), CANNESERIES a fait preuve, cette année encore, d'une belle réussite ainsi que d'un avenir prometteur et intéressant. Aussi, nous attendons sa 8e édition annoncée du 22 au 27 avril 2025 avec autant de curiosité que d'impatience, en espérant que son concept convaincra encore davantage de grands partenaires, autres que Canal+, pour rendre hommage à ce jeune festival qui mérite de s'établir comme un rendez-vous annuel incontournable sur La Croisette, aussi bien pour les professionnels internationaux du secteur audiovisuel que les amateurs « sériephiles », malgré le clap de fin du MIPTV, événement auquel CANNESERIES était étroitement adossé jusqu'à présent et qui est « transféré » à Londres. Vive Cannes, vive les séries et que vive CANNESERIES !
Monika Woltering - Christophe Colliat-Dragon